Décès du général Andrew G.L. McNaughton
Correspondance spéciale au New York Times
OTTAWA, le 11 juillet - Le général Andrew G.L. McNaughton, connu comme le " père fondateur " des Forces armées
canadiennes est mort d'une crise cardiaque aujourd'hui à sa maison d'été près de Montebello, Québec. Il avait 79 ans.
Reconnu comme étant soldat de premier rang au Canada, le général McNaughton était aussi homme de science,
ingénieur et diplomate. Il fut membre du service public sans interruption de 1909, lorsqu'il se joint à la
Milice canadienne, jusqu'en 1962 lorsqu'il se retira de sa position de président de la Commission paritaire
internationale (États-Unis - Canada).
En 1946, le général McNaughton fut désigné représentant du Canada à la Commission de l'énergie atomique des
Nations Unies et, deux ans plus tard, représentant permanent avec siège au Conseil de sécurité.
Nationaliste déterminé
Le sénateur Mike Mansfield du Montana a déjà décrit le général Andrew George Latta McNaughton, connu sous le nom
d' " Andy " à ses troupes de la Deuxième Guerre mondiale, comme " l'un des hommes les plus déterminés qu'il puisse
y avoir à confronter en négociations. Il est extrêmement nationaliste, mais dans un sens positif. "
Les remarques du sénateur, faites lorsque le général McNaughton tentait de gagner certaines concessions de la part
des américains dans le Traité de la Rivière Columbia, offre une bonne image du soldat devenu scientifique qui fut
aussi Ministre de la défense du Canada.
Il est reconnu comme " père fondateur " de l'Armée du Canada à cause de son insistance durant la Deuxième Guerre
Mondiale que les troupes qu'il commandait soient reconnues comme une armée. Durant la Première Guerre Mondiale,
les forces canadiennes faisaient partie des Forces expéditionnaires de Grande-Bretagne.
Le général, blessé à deux reprise en France durant la Première Guerre Mondiale, prit les commandes de toutes les
forces armées canadiennes outre-mer durant la Deuxième Guerre Mondiale. Il compara la Première Division Canadienne,
un group de volontaires qu'il amena en Angleterre en 1939, à une dague pointant droit sur le coeur de Berlin.
Lorsque la Première Division arriva en eaux anglaises, le général McNaughton embarqua sur un bateau de patrouille
pour rencontrer les navires de transports. Il se leva sur la proue du cotre à voile et salua ses hommes pendant
que ceux-ci criaient " Nous voulons Andy! "
" Je n'ai jamais fait d'autre que de parler d'une offensive en Europe " dit-il au président Roosevelt lorsque les
volontaires s'entraînaient en Angleterre. " On va leur en donner au huns - en plein dans le ventre. "
Opposition au plan d'Ottawa
Mais avant qu'il puisse les conduire au combat, le général McNaughton fut rappelé au Canada à cause d'une dispute
avec Ottawa au sujet du déploiement des troupes. Il s'opposa avec vigueur au plan du gouvernement qui diviserait
les forces canadiennes en envoyant un corps en Italie. Le général McNaughton maintenait que les forces devaient
demeurer intactes pour la grande attaque au nord-ouest de l'Europe. Il démissiona de son poste en 1943, après
qu'un corps canadien fut envoyé en Italie.
Après avoir combattu en Sicile et sur la péninsule italienne, les unités de combat rejoignirent les forces
canadiennes principales pour l'assaut du jour J en Normandie en juin 1944. " Je crois toujours que j'avais raison "
dit le général McNaughton plus tard. " Diviser l'armée de cette façon était une terrible erreur. "
Son rappel désappointa beaucoup cet officier à chevelure courte et échevelé, même s'il reçut une promotion et
est devenu lieutenant général.
Brigadier à l'age de 31 ans, il commanda l'artillerie lourde du Canada à la fin de la Première Guerre Mondiale.
Ce garçon qui autrefois avait fabriqué un canon à partir d'une chaudière à eau jetée et s'en servait pour tirer
des pommes de terre aux marmottes a été crédité pour son invention d'un système de mise à feu pour artillerie
surnommé le " barrage en boîte " pour son effet d'enfermer l'ennemi. Le général McNaughton, par contre, appela
ce système " non pas une invention, mais de l'évolution. "
Après son retour d'Angleterre au début de 1944, le général McNaughton dût faire face à d'autres combats dans
son propre pays.
Perd à deux reprises au scrutin
Il devint Ministre de la défense en 1944 et essaya en vain de remplacer les pertes au combat par des volontaires. Encore
une fois, le gouvernement s'opposa à lui en envoyant des soldats conscrits, ce qui poussa le général McNaughton à d
émissionner de son poste après moins d'un an. Juste avant sa démission, le général perdit à deux reprises des élections
pour un siège à la Chambre des communes.
Pendant quelques années, un débat au sujet du contrôle des armes nucléaires était en cours à l'intérieur et à l'extérieur
des Nations Unies. Puis, en 1949, l'Union soviétique fit exploser une bombe atomique.
Aux Nations Unies, le général McNaughton maintenait que le devoir principal de toute autorité internationale sur le
contrôle des armes devait être de prévenir leur acquisition par d'autres pays plutôt que de punir les infractions
aux règlements. Il disait croire que la majorité de la commission reconnaissait que dans l'éventualité d'une longue
guerre entre pays possédant des capacités nucléaires, il ne pourrait y avoir aucune assurance que l'utilisation d'armes
atomiques serait évitée.
Le général formula aussi un plan pour la démilitarisation du Cachemire, pour ainsi offrir la possibilité d'un plébiscite
qui résoudrait le désaccord entre l'Inde et le Pakistan au sujet de cette région. Le Pakistan accepta cette proposition
mais l'Inde la refusa.
Un homme sérieux et dur, le général McNaughton avait néanmoins ses moments d'humour. à une réception au lac Success,
le général discutait avec l'invité d'honneur, Andrei Gromyko, le délégué soviétique, lorsque la conversation tourna
aux pommes. Le regretté Henry A. Wallace avait demandé au général McNaughton de suggérer à Mr. Gromyko quelques bonnes
variétés de pommes canadiennes.
" Eh bien ", dit le général, " nous avons les McIntosh rouges, et aussi les Espions du nord. "
En 1950, le général devint le président canadien de la Commission jointe internationale avec les Etats-Unis. Cette
commission fut formée dans le but de négocier les disputes en commun au sujet des frontières et des cours d'eau.
L'une de ses plus importantes réalisataions fut le Traité de la rivière Columbia, dont le général fut l'un des
négociateurs principaux et plus tard, l'un de ses critiques les plus sévères.
" Forcé à vendre la rivière "
Le général McNaughton a maintenu que le Canada devenait forcé à vendre ses rivières sous un traité signé avec les
États-Unis, leur permettant de recevoir de l'électricité provenant des sources d'eau canadiennes en aval. Le traité
fut signé en 1962 et ratifié en 1964. Lorsque sa retraite de la Commission fut annoncée en 1962, le général McNaughton
dit qu'il fut retiré arbitrairement de son poste et accusa le Premier ministre John Diefenbaker d'être " dictateur ".
L'an dernier, le général confia à l'Institut de génie du Canada que " le Canada n'a absolument aucune obligation à
faire l'exportation d'eau contenue entièrement à l'intérieur de ses frontières. "
" Et même si une telle exportation serait en vigueur éventuellement " ajouta-t-il, " cette eau sera vendu comme
commodité avec 100 pour cent du prix de vente allant dans les poches du Canada. "
Après sa retraite de la Commission, le général McNaughton s'efforça à chaque occasion de contrer toute proposition
visant à dévier les eaux des Rocheuses canadiennes vers le sud-ouest des États-Unis. Son argument était que la vente
de l'eau équivalait à un délaissement permanent d'un droit d'aînesse.
" Nous devons rejeter, de façons les plus fermes, toute proposition laissant les États-Unis se servir de notre eau
et nous réduisant au rôle d' " égobeleurs de bois et tireurs d'eau " dit-il.
L'un des inventeurs du radiogoniomètre
Le général McNaughton est né le 25 février 1887 dans le minuscule village de Moosomin au Saskatchewan. Son père était
propriétaire d'un poste pour la traite. Il étudia au Bishop's College à Québec et à l'université McGill à Montréal,
où il reçut respectivement un Baccalauréat et une Maîtrise es Sciences. Il devint instructeur de génie électrique
et de mathématiques à McGill en 1912.
En 1926, le général McNaughton fut l'un des inventeurs d'un radiogoniomètre à rayons cathodiques servant à aider les
pilotes de l'air à déterminer leur cap dans les régions montagneuses.
En 1935, le général McNaughton devint président du Conseil national de recherches Canada. Son travail était orienté
vers l'application des sciences pures vers des solutions aux problèmes pratiques industriels et, dans ce but,
construisit un laboratoire à haut-voltage. En 1939, il démissionna du Conseil pour entreprendre son commandement
militaire.
En 1929, le général McNaughton reçu une promotion de major général et placé au poste de chef d'état-major général à
Ottawa. Il reçu son rang de général lorsqu'il se retira des forces armées en 1944.
Lauréat de 8 titres honorifiques
Le général fut compagnon du Bain, compagnon de l'Ordre de St. Michael et de St. George et récipient de l'Ordre du
service distingué.
Il était lauréat de diplômes honoris causae de six universités et était membre agréé honoraire de plusieurs sociétés
de génie au Canada, aux États-Unis et en Angleterre.
Le général McNaughton laisse dans le deuil son épouse, originalement Mabel C. S. Weir, ses deux filles, Mademoiselle
Leslie Anita McNaughton et Madame T. B. McDougall d'Ottawa, et deux fils, Andrew R. L. McNaughton de Montréal et le
colonel Edward M. D. Leslie (qui a fait changer son nom légalement). Son troisième fils, le Commandant d'aviation
Ian McNaughton, est décédé en 1942 lors d'un passage de bombardement.
Lors de son annonce du décès du général McNaughton aux Communes aujourd'hui, le Premier Ministre Lester B. Pearson
dit que " sa valeur pour son pays n'était comparable que par son courage et son utilité. Il était chaleureux, d'esprit
sain et d'une âme noble. Il n'avait rien de lui de méchant mais plutôt beaucoup de courage et de sagesse. "
Le drapeau au sommet de la Tour de la Paix à Ottawa était en berne. Les drapeaux de chaque division des Forces armées
canadiennes seront en berne mercredi, le jour où les funérailles, avec pleins honneurs militaires, seront tenues à 14h30
au Christ Church Cathedral à Ottawa.
biographie
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